Plus que jamais, Nous ne sommes pas là pour disparaître. Au milieu de la tempête que nous venons de traverser, ce titre est revenu comme une force, une puissance pour nous maintenir hors de l'eau. Plus nous perdions nos repères, plus il devenait vital de créer, de se tenir droit face au monde, face à la crise, face aux discours mortifères qui laissaient grandir le sous-entendu de notre inutilité. Ainsi nous rouvrons, encore, le Théâtre 14 avec cette pièce dont le titre est manifeste : nous existons, nous sommes nécessaires et nous comptons bien l'affirmer.
Cette saison plus que jamais, nous devons réaffirmer que le Théâtre est le lieu de la représentation du monde, de l'existence, de la résistance, de la présence. Plus que jamais nous devons réaffirmer notre volonté de faire société, se rappeler la beauté et la joie du monde d'avant. Pendant ces mois de solitude, d'absence, de repli, nous avons goûté à l'ennui, expérimenté l'absence, l'assèchement de l'imaginaire, le manque de ces espaces de liberté et d'évasion que permettent les œuvres d'Art, les pièces de théâtre.
Alors, plus que jamais, nous voici, cavaliers de la nuit, prêts à réinvestir nos espaces. Il est temps de retrouver nos salles à la nuit tombée, le silence de la salle, la poussière en suspension dans le halo des projecteurs, notre connivence ; d'entrer encore et encore dans un monde inventé, de sensation et d'émotion, de nous retrouver sous les étoiles heureux et épuisés de la traversée vécue si intimement et si collectivement. Nous voici prêts, régénérés de l'envie d'exister, dressés face au monde, pleins de tous les spectacles en attente, de l'envie de dire, de l'envie de vivre.
Plus que jamais, nous voulons être, nous, intransigeants sur les valeurs que nous défendons. Notre questionnement sur la parité qui est, hélas, encore un sujet du « monde d'après » et que nous ne respecterons pas puisque nous accueillons plus de femmes que d'hommes : 12 metteuses en scène pour 8 metteurs en scène. Notre désir de partager les textes contemporains qui parlent de notre monde : de Godard à Beckett, de Duras à Olivia Rosenthal. Notre effort de décentralisation et de partage du Théâtre au sein du XIVème avec deux spectacles hors-les-murs. Notre envie de dialoguer avec des grands maîtres comme Alain Françon ou Anne-Laure Liégeois, mais aussi avec de nouvelles rencontres artistiques comme Catherine Hargreaves, découverte au ParisOFFestival, ou Louise Vignaud qui revient après la success story du Quai de Ouistreham, qui participe déjà à la construction de la nouvelle histoire du Théâtre 14.
Plus que jamais, nous devons rappeler pas à pas notre existence, notre envie d'être ensemble, de faire société ensemble. Plus que jamais nous avons envie de réaffirmer notre présence, d'écouter les bruits du monde avec blablabla d'Emmanuelle Lafon, faire entendre Le Chœur de la jeunesse avec Fanny de Chaillé, de regarder Nos paysages mineurs de Marc Lainé ; de retrouver, avec Moi, Malvolio de Catherine Hargreaves, ces héros de théâtre, bons ou mauvais, qui font notre monde, d'interroger notre résistance au vide avec Kolik d'Alain Françon, de rappeler qu'indéfiniment Un jour, je reviendrai de Jean-Luc Lagarce par Sylvain Maurice. Et bien sûr, plus que jamais, chacun doit haut et fort Vivre sa vie !
Mathieu Touzé
Edouard Chapot
Nous avons maintenant une histoire… Une grande joie nous parcourt au moment d’ouvrir ce programme de notre troisième saison, après cette expérience heureuse et merveilleuse d’avoir vu se dérouler de septembre à juin, sans annulation ni report, une saison entière avec notre nouveau costume de directeurs du Théâtre 14. Nous avons maintenant une histoire commune faite d’accords et de désaccords, d’émotions et de rencontres, de souvenirs.
Ces deux années ensemble nous ont fait construire le contour de cette seconde naissance, avec nos rêves et avec vous, vos retours, vos coups de cœur, nos sensations, nos envies de partage, avec ce temps passé ensemble physiquement ou virtuellement, avec ce que nous avons traversé ensemble de dureté, de violence du monde, de privation de nous voir et de la manière dont nous les avons transcendées, de la joie de nous retrouver et d’être plus forts que toutes les ombres qui ont parcouru cette réouverture. Nous avons construit notre histoire commune.
Nous avons même un patrimoine commun fait de nos premières habitudes dont nos deux temps forts de rencontres en début de saison avec le ParisOFFestival et en fin de saison avec le désormais iconique Re.Génération. Ces temps de fête et de retrouvailles autour de propositions hors-les-murs sont maintenant notre tradition, notre patrimoine.
La forme de la saison, elle, est un peu nouvelle. Forts de nos échanges, nous avons eu envie, après la profusion de l’année dernière, de nous rassembler, de nous recentrer, de construire une ligne forte à travers un nombre réduit de propositions que nous jouerons plus longtemps. Comme le troisième album, la saison 3 est celle de la maturité, un geste pur dans la désorganisation du monde. Choisir de ne vous présenter que dix spectacles a été le fruit de beaucoup de discussions, de sélections drastiques et injustes, et surtout d’un immense self-control. De sélection en sélection, de spectacle en spectacle, nous avons choisi dix projets magnifiques qui questionnent notre rapport à l’Histoire.
Ainsi la saison 2022/2023 questionne notre rapport à l’Histoire, sur la manière dont nous la construisons, avec la proposition de Ludovic Lagarde Sur la voie Royale de la Prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek qui interroge l’ère Trump et son impact sur le monde, ou sur notre ami le capitalisme croqué par Georges Perec dans la mise en scène d’Anne-Laure Liégeois de L’Augmentation ; spectacle que nous reprenons cette année après avoir créé tant de frustration l’an dernier avec seulement cinq dates.
Nous nous interrogerons également sur l’apport de la grande Histoire et son héritage, pour lequel nous convoquerons Eschyle, revenant d’entre les morts après deux annulations (en raison de vous savez quoi), que nous retrouvons enfin dans la mise en scène d’Olivier Py puis Romain Gary dont le magnifique Chien Blanc devient White Dog à travers le regard et les marionnettes de Camille Trouvé des Anges au Plafond.
Enfin, il y a l’histoire personnelle où l’intime invite à traverser les grands mouvements de la société les rendant universels et vient donner corps à la grande Histoire. La question de la multiculturalité avec Nulle part est un endroit, en partenariat avec le Festival d’Automne à Paris, Nach viendra conter en mouvement son parcours vers un Krump universalisé et hybridé et avec Al Atlal, chant pour ma mère, où Norah Krief revient sur son héritage tunisien. Et la dénonciation de la violence du patriarcat à travers l’humour noir de La Visite où l’autrice et metteuse en scène Anne Berest transmet son histoire essentialisée dans son rôle de mère par la voix de Lolita Chammah et le tragique de Girls and Boys de Dennis Kelly, mis en scène par Chloé Dabert, récit glaçant de la violence d’un homme banal, et avec Herculine Barbin, premier récit d’une personne intersexe révélant toute la brutalité de l’assignation de genre, porté par la metteuse en scène Catherine Marnas.
Et puis, il y a l’histoire que l’on oublie, de plus en plus régulièrement la maladie entre dans nos vies et vient bouleverser notre rapport à la mémoire, à ceux que nous aimons. Que reste-t-il quand ceux qui nous aiment nous effacent ? C’est la question que nous poserons avec On n’est pas là pour disparaître d’Olivia Rosenthal, mis en scène par Mathieu Touzé, qui nous rappelle à quel point l’histoire commune est un bien précieux.
Mathieu Touzé
Édouard Chapot
Yuming Hey est connu pour son rôle de Billie dans la série Netflix Osmosis et pour le rôle titre de Mowgli dans la mise en scène du Jungle Book de Robert Wilson. Ce dernier rôle lui vaut une nomination au Prix Jean-Jacques Lerrant (Révélation théâtrale de l'année 2020) par le syndicat de la critique. Diplômé du Conservatoire National Supérieur d’art dramatique de Paris en Octobre 2018, Yuming a joué au théâtre sous la direction de Robert Wilson (Jungle Book), Pascal Rambert (Actrice / 8 ensemble), Mathieu Touzé (Un Garçon d'Italie / Une absence de silence / On n'est pas là pour disparaître), Stanislas Nordey (Le soulier de satin), Blandine Savetier (Neverland) , Robert Cantarella (Notre Faust), Johanny Bert (Elle pas princesse, lui pas héros), Jacques Vincey (A midsummer night's Dream), Catherine Marnas (Herculine)
En 2020, il rejoint la direction du Théâtre 14 en tant que Conseiller Artistique et artiste associé au lieu.
SUR INTERNET *
PAR TÉLÉPHONE
01.45.45.49.77
Du mardi au vendredi, de 14h à 18h
Et le samedi de 13h à 15h
AU GUICHET
Du mercredi au samedi, à partir de 16h
Le bar du Théâtre est ouvert 1h avant et après chaque représentation
*Pour faciliter vos réservations, le Théâtre 14 supprime les frais de réservation sur son site internet : theatre14.mapado.com
Tarifs et cartes
Tarif Normal - 25 €
Un justificatif du statut étudiant sera demandé à l’accueil
Plus de 60 ans, Habitants du 13°, 14° et 15°, d’Issy-les-Moulineaux, de Vanves, de Malakoff, de Montrouge et de Gentilly
Moins de 26 ans, demandeurs d'emploi, intemittents, RSA
Gratuité pour les aides soignants, nous contacter à billetterie@theatre14.fr
La Carte 5 places - 40 €
Direction Mathieu Touzé et Edouard Chapot
Conseiller artistique Yuming Hey
Assistante de direction Hélène Thil
Attachée à la communication, en alternance Roxanne Feng
Chargée des relations avec les publics Michelle Ermolenko
Attaché à l'accueil et à la billetterie Enrico Benedetti
Stagiaire Enguerrand Valancogne
Régie générale José Martins
Attachée de presse Dominique Racle
Site internet François Fleurent